De nombreuses civilisations antiques attribuaient une origine divine aux messages reçus dans certains songes.
Il en est un, de temps en temps, qui dépasse les rêves classiques y compris les plus construits pendant les phases de sommeil paradoxal. Ce rêve dont la force émotionnelle vous submerge lors de son déroulement. Ce rêve qui vous bouscule, vous réveille en sursaut, incapable de se réapproprier l’espace même de son propre lit. Ce rêve qui vous laisse chancelant encore de longues heures après. Ce rêve qui provoque des émois dès que notre mémoire lui redonne vie.
Je déambule dans les rues d’un quartier historique qui m’évoque un sentiment de réconfort et de connu. Les rues sont pavées, les maisons en pierre de taille. L’atmosphère est sereine. Je prends plaisir à guider des personnes vers un lieu que j’affectionne sans pour autant l’identifier. La déclivité des rues m’étonne et brise un peu l’image que j’avais de ce lieu dans lequel je semblais retourner après une longue absence. J’entre dans une boutique pour en ressortir assez rapidement. La pente de la rue à l’extérieur me donne le vertige. Je regrette immédiatement mon choix d’être allé aussi haut pour atteindre cette boutique. J’entreprends de descendre la rue avec cette sensation de vertige qui ne me quitte plus. J’oblique pour pénétrer sur une place. Mais alors que je m’y engage, la pente devient de plus en plus abrupte. La peur de perdre pied me gagne, j’essaye de toujours avoir une prise, un arbre, un banc public, les pavés de la place. Je glisse. Je m’affole ne trouvant pas de prises à saisir. Je me retrouve hors de la ville. Une forêt est à ses portes, en contrebas de la ville sur un terrain très incliné. Je n’ai qu’une obsession descendre vers un point plus bas, remonter me paraît un non-sens, je veux fuir mon vertige. La surface du sol devient si raide qu’elle s’apparente à une paroi verticale dorénavant. La bascule est complète. Les arbres ne se déracinent pas mais me permettent de sauter d’un tronc à l’autre maintenant qu’ils sont à l’horizontal, plantés dans un sol vertical. Je dérape et déboule. Je finis par m’agripper à une branche en dernier ressort. Je m’aperçois que je suis accroché au dernier arbre de cette forêt. Il n’y a plus rien en contrebas, juste un sol de granit lisse et sans prise, devenu paroi vertigineuse. Ce n’est pas la position inconfortable à bout de bras, tenant fermement cette branche, qui me panique. C’est le choix qui s’offre à moi.
Une voix indicible issue du Cœur se mêle alors à ce songe et murmure :
Le Vide est possible. Le Vide est Choix.
Je m’imagine lâcher prise et une bouffée d’angoisse me submerge à l’idée de tomber vers ce vide sans fin. Il n’est pas sombre mais clair et distinct avec une paroi qui semble simplement s’étirer à l’infini. Cette voix me dit que ce Vide est l’étape suivante pour moi. J’ai terriblement peur. J’ai peur de tomber sans fin dans une vacuité terrifiante. Je concentre mon regard sur ma main agrippée. Je ne vois que ces cinq doigts refermés sur la branche, essayant d’oublier tout le reste. Je n’aurais qu’à ouvrir ces cinq doigts sans penser à la suite.
Mais mon mental s’affole et reprend le dessus. Il refuse que je lâche cette dernière branche, ce dernier repère tangible auquel il me dit de me raccrocher. Mon mental me fait craindre la souffrance si je lâche. Il me recouvre de sa réflexion froide et logique. « Remonte, remonte, il y aura sûrement une autre sortie, une autre solution vers le haut. Tu as le temps de la chercher dans la forêt ou même dans la ville ». Ce choix laisse poindre la crainte que je cherche indéfiniment en vain une sortie, que je tourne en rond. La pente est si glissante, je ne peux aller que vers le bas, c’est le sens naturel, ce bas qui ouvre sur le vide, ce vide qui m’appelle. Mes doigts ne glissent pas sur leur prise, je peux faire mon choix sans contrainte de fatigue. La voix qui m’invite au grand saut n’exprime aucune contrainte.
C’est à moi de faire le Choix. Un combat intérieur rentre dans la mêlée de la peur, du vertige, du doute qui semblent mes maîtres à ce moment-là. S’affrontent la Logique qui me dit de remonter, que je n’ai pas exploré toutes les possibilités, et l’Illogique qui me dit que ce serait perdre mon temps, que j’ai suffisamment exploré les possibilités et que réexplorer le tangible dans un cycle sans fin, me ramènera vers ce Vide qui m’appelle. Mon Cœur me faisait ressentir la justesse de ce Vide mais mon mental allié à l’égo déployaient toute l’incertitude et l’angoisse possible pour me ramener à la raison.
Cette nuit-là, j’ai eu peur de souffrir, je n’ai pas lâché ma prise, je n’ai pas pu…
La route du Vide
Yanouri dans son crâne de cristal en lapis-lazuli me regarde de ses orbites vides. Elle irradie une douce sensation de chaleur et de réconfort depuis que je l’ai posée sur mon ventre. Elle me glisse qu’il n’y a pas à craindre ce qui ne peut m’atteindre, car c’est moi qui décide ce que je laisse m’atteindre.
Je ne fais pas immédiatement le lien avec ce songe intense où mon mental avait réussi à m’atteindre avec les doutes, le vertige, la peur paralysante.
Je continue de la fixer jusqu’à ce qu’il me prenne l’envie de relire des contes de Bardhena sans objectif précis. J’en feuillette quelques-uns jusqu’à trouver celui qui subitement m’apporte une compréhension nouvelle et inattendue. Jusqu’à ce songe, le conte sur la route du Vide m’apparaissait hermétique et imbuvable. La route du Vide y est décrite comme l’inverse de la route de l’Égo.
Bardhena y énonce en trois temps :
Le Vide est une notion qui fait extrêmement peur à chacun d’entre vous.
Cela fait extrêmement mal de se brancher à la structure du Vide.
Se brancher au Vide veut dire que l’on arrête de contrôler sa vie. Se brancher au Vide est l’acte de Confiance suprême.
Mon songe me rappelle que répondre à l’appel du Vide ne se décrète pas par le mental. Il me faudra un jour laisser glisser mes doigts de ma branche et écrire :
Cette nuit-là, j’ai eu peur de souffrir, j’ai lâché ma prise, j’ai pu…
Pour une lecture paisible, vous avez la possibilité d’imprimer l’article :
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Samuel :
Notre âme ne place sur le chemin aucun défi que nous ne serions capable de relever. Nous ne portons que nos propres blessures, même si nous n’en comprenons pas les origines. Nous pouvons porter le fardeau de la douleur d’un autre mais jamais nous ne portons la blessure pour un autre. Elle peut être antérieure à notre existence actuelle, ce qui la rend d’autant plus difficile à accepter et à guérir. C’est pour cela que les dragons viennent à notre chevet. Pour nous apprendre à transcender nos souffrances et à refermer nos plaies intérieures. La seule chose que les dragons nous demandent, c’est d’avoir le courage de se regarder, de pratiquer l’impeccabilité envers soi. Cela s’apprend, rien ne nous l’enseigne aujourd’hui, seuls les dragons le font. Il nous faut les écouter par la voix de notre coeur, et petit à petit le changement en nous s’opèrera. Il n’est jamais à craindre que notre vie soit trop courte pour cela. Laissons le soin aux dragons de nous lancer sur le cycle de notre transformation intérieure. Ils nous aiment d’un amour infini. Ils ne nous jugent jamais. Ils appliquent la juste pression pour induire les prises de conscience en nous.
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Aude :
Ça fait du bien de lire ce message de réponse.
Merci beaucoup, c’est rassurant 🙂
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Bonjour Samuel !
Le vide fait effectivement peur !
Peu réussissent à se faire cette confiance du tout.
Dans le fond, craindre notre monde n’est-il pas plus logique que de craindre ce qui nous ne fera jamais de mal ?
Plusieurs êtres de ce monde essaieront de nous convaincre du contraire.
Il semble se former, du moins de ma perception, plusieurs petits groupes qui ressemblent en tout point aux religions qui de leurs gourous, qui tentent désespérément de nous convaincre que si l’on ne fait pas ce qu’ils nous suggèrent, nous serons tout simplement dénués de notre âme définitivement.
Cela ressemble en tout point aux religions existantes.
Trouver des gens comme…. Disons des gens qui ont vécu une enfance qui s’apparente à la vôtre serait en partie un beau défi et qui sait ce qui pourrait en ressortir ?
Jadis, je le faisais sur un site appelé netlog, dans un temps où l’on pouvait y dessiner des groupes et où l’on pouvait se réunir pour en discuter de tout et savoir que nous n’étions pas seul dans ce moule un peu à part disons le…
Plusieurs n’ont pas réussi à se connecter à leur vie ou mission, comme plusieurs le ressentent, et se demandent encore ce qu’ils leurs arrivent.
Votre texte démontre, en quelque sorte, que l’on a tous notre façon d’y parvenir.
Votre expérience pour ne pas dire vos expériences, aideraient sûrement à titre de référence plusieurs de ces gens qui essaient tant bien que mal à se rapprocher de leur quête.
Qu’en pensez-vous M.Samuel ?
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Samuel :
Bonjour Christian, même en partageant ce défi commun de s’affranchir de sa condition coupée du divin, chacun porte en lui une combinaison unique de potentiels mais malheureusement aussi de chaines. Il n’y a pas une seule façon d’y arriver mais il y a encore plus de mauvaises façons de ne jamais réussir ce défi. Tout, autour de nous, a été mis en place afin de nous maintenir loin du divin, loin de nos potentiels. Tout est fait pour que nous nous contentions de notre soumission inconsciente.
Je partage simplement mes réussites et mes échecs, chérissant les deux, car les deux sont une expression souveraine de sortir de cette soumission inconsciente aux forces dissolvantes de notre société moderne.-
Christian :
Bonjour Samuel !
Comme vous dites, il y a tant de pièges et de chaînes je nous avons acceptés. Je scrute DNS mon temps libre des sites, ou l’on retrouve des gens comme toi et moi qui sommes différents et qui aimeraient sûrement prendre soin de se développer sans leur chaînes et sans se perdre dans tout ses pièges de l’humanité. C’est pour cela, à titre d’exemple, que je vous ai fait par de cet intention à se regrouper pour se soutenir et qui sait, s’entraider.
Vous avez parcouru, et surtout en laissant vos réelles intentions à l’avancement et le cheminement de soi, un cheminement que bien n’oseraient pas emprunter. La peur de… du jugement et…
Si dans votre avancement et si les gens qui vous lisent vous situent seulement à titre d’example, Alors vous pourriez être un modèle pour bien des gens sur l’avancement de soi. Du soi. De notre soi qui est unique. Partager nos expériences seraient peut être une belle tendance ?
Que diriez-vous, tout comme un modèle pour des peintres, de vous exposer à eux ?
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J’ai moi aussi fait des « rêves » où je tombe, avec toutes les sensations physiques que l’on peut ressentir dans la réalité. C’est ça qui peut être le plus troublant peut-être et c’est ce qui me fait me rappeler ces rêves là.
Le dernier en date, je me trouve face à un gouffre. Je ne vois pas le fond. Et c’est moi cette fois-ci qui décide d’y plonger et même d’accélérer la chute. Je me dis (mais ça se compte en une fraction de seconde, c’est à peine une pensée) que puisqu’il faut y aller autant y aller franco. Ça me donne une pêche et un sentiment de joie. C’est maintenant un plongeon.
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Samuel :
Longtemps lorsque j’étais enfant, je ne comprenais pas ces sensations de chute qui me réveillaient en sursaut, le cœur battant, avant de comprendre que c’était le retour après une sortie hors du corps. Ce songe, lui, est un appel du vide, un appel de mon âme pour que j’abandonne les structures de ma vie basée sur l’égo. Je le vois comme un appel à plonger en soi, la vrai structure, celle du vide, pour retrouver mes mémoires, laisser partir la dualité. Je comprends la route du vide comme l’appel à fusionner sa conscience incarnée non plus avec son égo mais avec son corps multidimensionnels. Je referai un article plus en détail lorsque mes guides m’auront davantage éclairer sur cela 🙂
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Aude :
Bonjour,
Je m’appelle Aude, cela fait trois fois que je regarde ce site, sans oser m’y adresser.
Lorsque j’ai essayé de parler ou d’exprimer mon rapport avec les dragons, j’ai très souvent été brisée.
À ne plus vouloir en parler.
Il est plus fort qu’eux, de me ramener à eux.
Je ne saurais l’expliquer. Je les aime. Tous, mais les noirs, m’ont réellement fait perdre conscience, confiance et connaissance.-
Samuel :
Bonjour Aude,
D’être brisée, de vivre ce sentiment, est-ce l’issue d’une lutte intérieure entre refus et acceptation qu’ils soient là pour toi ?
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Être brisée, ou meurtrie, peu importe le nom que porte cette souffrance qui m’habite, elle m’appartient. Comprendre, apprendre, transmuter reste difficile. Mon âme a de la peine. Et ce depuis bien des vies. Je me suis mise au défis de me soigner. Mais à quel prix. Je porte des blessures qui ne m’appartiennent pas. Je sais que je pourrai toujours compter sur les dragons, qui veuillent à mon évolution. Mais ce mental si fort ne me permet pas de lâcher-prise facilement. J’y arrive parfois, pendant quelques temps. Je soigne une douleur, une autre la remplace, c’est comme si mon âme avait attiré ce martyre comme un aimant. Depuis beaucoup trop de temps. Ma vie ne suffira certainement pas à la guérir. Mon coeur se purifie petit à petit, les bâtons dans les roues se sont mis vite en place, j’ai 28 ans. Et, cet esprit mystérieux, je me suis promise, d’accepter que dans cette vie, je tenterai de m’aligner, et de guérir au mieux afin de soulager le plus possible la prochaine incarnation que mon âme aura choisie.
Mon dragon me rappelle souvent, dans ces moments-là, sa petite phrase favorite « Lumière tu as été, Lumière tu es, laisse-moi te rappeler qui tu es. Appelle moi, toujours avec toi ».
Il est d’une tendresse infinie. Et d’une grande patience. Je remonte une certaine pente dans cette vie, y trouve de la joie qui réchauffe mon coeur dans la douce musique de l’harmonie, amour & lumière qu’est la Vie.
Je ne comprends pas tout d’eux, ni ce qu’ils me veulent, je dessine et peins des quantités de dragons, je les ressens, mais je ne sais pas, ce que je peux faire pour eux. Mon mental me trahit, et je ne suis sur de rien. Seulement que mon dragon me veut du bien, qu’il est triste, désolé, mais patient, de me ressentir ainsi. Je fais partie de lui, il fait partie de moi. J’ai arrêté ce mécanisme d’auto destruction massive pour lui. Pour me reconnecter à lui. Mais comment Être en harmonie avec la vie, de ce monde. En étant si différente.