Se libérer des démons intérieurs

Notre anatomie énergétique est une terre oubliée dont le secret ne se lève que lentement. Accepter, sur un plan conceptuel, l’existence de deux doubles énergétiques à l’intérieur de soi, ne nous prépare pas pour autant à manoeuvrer avec cette réalité. Nos deux doubles, véritable dyade énergétique, synthétisent les deux polarités de notre intériorité. La lumière de notre coeur et nos démons intérieurs.

Nous existons sur le plan terrestre dans trois domaines imbriqués, le physique, le cognitif et le spirituel.

Le physique est ce que nous ressentons par nos cinq sens et tout ce qui se trouve autour de nous. C’est le domaine expérimental qu’explore notre conscience de soi.

Le cognitif est la manière de percevoir l’autre, ainsi que la manière dont nous nous percevons nous-mêmes. C’est le domaine du désir où se déploie notre âme instinctive et pulsionnelle.

Le spirituel est la façon dont nous sommes reliés aux choses et aux autres. C’est le domaine de l’intuition où siège notre âme émotionnelle et intellectuelle.

L’équilibre de l’existence repose sur une imbrication harmonieuse de ces trois domaines. Or, plus la séparation entre eux se prolonge, moins nous existons dans notre entièreté. C’est alors que l’âme pulsionnelle développe progressivement une perception d’elle-même. Elle se forge une identité propre, tout en s’affranchissant du sentiment d’identité complète de notre être. En se considérant comme une identité unique, notre âme pulsionnelle se désolidarise de notre anatomie énergétique. Régente de notre égo et de notre mental, l’âme pulsionnelle se personnifie sous un double de soi, qualifié de sombre ou d’obscur.

Le double obscur veut agir en tant qu’entité et être traité en tant que telle.

Le double obscur, puissance primitive, nous garde de la souffrance engendrée par les émotions attachées aux épreuves difficiles de la vie. Plus les émotions à endiguer grossissent, plus la posture de notre double obscur se raidit. Il nous pousse à les inhiber, à étouffer tout sentiment. Il sabote toute démarche de regard sur soi. Il est notre âme noire, celle qui scelle les portes sur les mémoires de nos échecs, de nos deuils, de nos traumatismes, de nos blessures émotionnelles. Maîtresse de nos pulsions sexuelles et de nos instincts primitifs, elle nourrit nos démons intérieurs par le détournement de notre énergie sexuelle. Nous nous éteignons à petits feux, à défaut de savoir comment se libérer, se défaire ou lutter contre ces démons intérieurs.

Pourquoi le double obscur lutte si obstinément

Si notre double spirituel, dans la lumière de notre coeur, est façonné à la naissance, notre double obscur se forge par les épreuves que nous traversons au cours de notre existence.

Deux doubles issus d’une fracture originelle aux destinées opposées.

Notre double de lumière est constitué de forces énergétiques empruntées au plan astral. C’est ainsi qu’il sera appelé à ramener notre conscience de soi vers l’absolu à la fin de notre vie terrestre. Or, la charpente de notre double obscur est assise sur le fluide éthérique, matière subtile plus dense qui se désagrègera avec la décomposition du corps de matière à la mort. C’est vers le néant qu’est sa destinée.

La destinée du double obscur est intimement liée à notre incarnation dans la matière. Son royaume est celui de la fréquence tellurique dans notre corps, entre le chakra racine et le chakra sacré. À la mort, il est rejeté dans les courants telluriques du monde souterrain de la planète. Ces courants absorberont et décomposeront notre part d’ombre.

Or, l’état de séparation à l’intérieur de nous est tel que le double obscur se conçoit comme une entité à part entière désormais. Prenant conscience de sa propre existence, il se rebelle contre sa destinée mortelle. Il usera de toutes les manoeuvres pour assurer sa survie après la mort physique du corps.

Il est au centre des processus cognitifs influençant la sexualité.

Le comportement sexuel de chacun témoigne dès lors du degré de séparation de son double obscur. Celui-ci ne vit qu’au travers de la polarité électrique de l’énergie sexuelle.

S’il peut s’en abreuver suffisamment au cours de notre existence, il sera alors à même de survivre un temps au-delà de notre trépas. Il devra par la suite vampiriser un autre être humain afin de prolonger son existence. Rendu fou par sa condition d’entité errante, il pourra se montrer maléfique en recherchant le moyen de se nourrir préférentiellement d’énergie sexuelle et de tensions nerveuses générant une électrisation du corps.

La mission sacrée du couple divin

Pour maitriser les effets pervers des émotions négatives, c’est alors que se rappelle la magie des âmes, celle qui restaure le couple divin sur Terre. Nous avons oublié que sa mystique insuffle un courant de vie nous permettant de ne plus nourrir ses démons intérieurs.

La magie des âmes ouvre à la renaissance de notre être.

Lorsque deux âmes, liées si fortement au Ciel par la force d’amour, se retrouvent sur Terre, elles peuvent s’unir énergétiquement dans la matière. Cette alliance peut se concrétiser au travers de toutes les facettes de l’amour humain, qu’il soit conjugal, filial, familial, amical. Du serment liant le couple divin, jaillit la force permettant de vaincre l’hybris du double obscur.

Le lien affectif est si intime et exalté au sein d’un couple divin, que les champs d’énergie de l’un imprègnent totalement ceux de l’autre. Si leurs plus belles envolées lyriques et sentimentales surpassent ce que chacun a pu vivre jusque-là, leur vécu fusionnel dévoile un revers cinglant.

La présence de l’un suffit à changer un passé scellé et douloureux, en un présent des plus actuels.

L’irritabilité qui en rejaillit, n’est qu’une riposte du double obscur qui se voit submergé par la présence énergétique de l’autre âme.

Si le double obscur nous imprègne si facilement, c’est qu’il parvient à falsifier notre regard cognitif. Ce que nous observons chez l’autre est rendu familier avec ce que notre double obscur a scellé dans des mémoires souffrantes. Le double obscur utilise ce miroir que représente l’autre, pour présenter à notre mental un morceau de ce qu’il a déjà enduré. Une colère sourde électrise notre corps par cette familiarité avec un évènement douloureux de notre passé.

Le double obscur joue sur nos processus cognitifs, modifiant l’activité des circuits sexuels. La colère, émotion jaillissant du foie, se retrouve directement alimentée par l’énergie rouge à cause d’une réécriture du circuit énergétique sexuel. La colère peut alors exploser avec la même force qu’un orgasme sexuel.

L’imprégnation du double obscur sur notre mental prendra effet un bref laps de temps avant d’être rejeté par notre conscience de soi. Les impressions suscitées vont s’effacer progressivement comme les vestiges d’un mauvais rêve. Ne nous rappelant à peine de ce qui nous avait tant bouleversé quand notre double obscur nous imprégnait. Nous retrouvant abasourdi d’avoir retourné une telle agressivité contre celui ou celle que l’on aime.

La transparence ne peut être que totale au sein d’un couple divin

Les mensonges à soi-même, derrière lesquels notre double obscur nous réconfortait, se révèlent intenables face à la capacité des deux âmes de se voir totalement. C’est notre double obscur qui nous empêche de pleinement pardonner à l’autre. Pour nous contrôler, le double obscur utilise ce qu’il a enfoui quelque part en nous. Il nous a conduit à enterrer très profondément des sentiments et des souvenirs nous rattachant à des vécus de notre passé. C’est encore lui qui nous rend froid et distant afin d’étouffer la honte de nos actes. C’est toujours lui qui nous détourne de la faute à laquelle on a pris part.

Cependant, lorsque le double obscur reflue, notre double spirituel ravive la puissance de notre Coeur. Il invoque la magie des âmes, une danse en trois temps, afin de nous libérer de nos démons intérieurs et sacraliser de nouveau l’énergie sexuelle.

1. Se détacher de ses démons intérieurs

Le détachement est le premier pas de danse auquel chacun invite l’autre dans le sanctuaire du Coeur unifié du couple divin. Chacun aide l’autre à briser les chaînes psychiques qui lient son mental et son égo à son double obscur. Il faut pour cela deux âmes qui s’aiment si fortement afin d’instaurer une confiance inconditionnelle.

En tant que personne qui aime d’amour et qui est aimée, chacun est l’amant de l’autre.

Chaque amant dispose de cette force d’amour pour mettre à l’épreuve l’autre, et lui révéler les chaînes qui le rendent esclave de son double obscur.

Chacun se met à exprimer ce que l’autre n’est pas, le plus souvent inconsciemment. Chacun devient l’épreuve de l’autre. Le regard de l’un se révèle une provocation dans le regard de l’autre. Les questionnements de l’un ne trouvent plus écho chez l’autre, préférant les éluder. Celui ou celle qui s’interdit d’exprimer ses sentiments, n’accepte pas que l’autre s’autorise à exprimer les siens. S’accusant l’un l’autre, l’abattement finit souvent par s’immiscer de plus en plus.

Or, le couple divin met en exergue autant le double obscur que le double de lumière de chacun des deux amants.

Le double de lumière oeuvre secrètement à nous maintenir dans la pacification de nos sentiments et l’harmonie de nos émotions.

Lorsqu’il nous voit aux prises avec notre égo, tout particulièrement lorsque notre double obscur souffle sur nos braises de rancoeur et de frustration, il nous rappelle le lien d’amour nous liant à l’âme de notre bien-aimé. Ce lien d’amour transforme les émotions négatives en énergies positives. L’énergie sexuelle n’est alors plus détournée à un usage contre nature.

Alors se joue un ballet des plus singuliers autour des amants, un ballet connu des savoirs occultes de l’Égypte ancienne. Nos deux doubles, synopsis de notre clair-obscur intérieur, peuvent librement évoluer autour de nous et de l’être aimé.

Le ka, ou double de lumière, se manifeste plus aisément à l’aurore. Alors que notre sommeil profond touche à sa fin, il se projette auprès de l’être aimé afin de le consoler des dégâts occasionnés par le double obscur. Bien que les savoirs mystiques de l’Égypte ancienne enseignent pourtant que le ka vit sur le plan des parfums, quels ne furent pas mes doutes initialement. Je découvris que le double spirituel peut amener certaines senteurs avec lui, un effluve ou une senteur accompagnant le quotidien de la personne dont il est l’émanation angélique lumineuse.

Quant au shout, ou double obscur, il se manifeste préférentiellement au crépuscule, nous offrant l’opportunité d’affronter notre part d’ombre. Ainsi commence le second pas de danse.

2. Se confronter au maître de nos démons intérieurs

C’est particulièrement le soir que le double obscur pavoise en nous et autour de nous. C’est aussi le soir qu’il s’enorgueillit de sa mainmise sur notre égo, et que le lien nous unissant à notre double de lumière s’étiole.

Alors que notre activité diurne s’apaise, il se présente en vision intérieure ou s’extériorise parfois complètement comme une ombre évoluant autour de soi. Évoluant sur le plan éthérique et non pas astral comme le double de lumière, il ne peut se projeter sur une longue distance. Il hante notre lieu d’habitation en quelque sorte.

Si l’essence du double de lumière est féminine, celle du double obscur est masculine.

Notre double obscur est une manifestation individualisée de notre masculin intérieur. Lorsqu’il n’est plus uni à notre anatomie énergétique, c’est son aspect corrompu et maléfique qui se personnifie.

Il devient une sorte d’entité daïmonique. Le daïmôn est une divinité intérieure qui inspire le jugement.

Le daïmôn incarne notre aspect d’ombre et de tentation.

Il prend la forme inversée de ce que l’on aime le plus au fond de soi-même. Cela peut être son guide intérieur bienfaiteur et protecteur. Cela peut être une personne que l’on aime. Son apparence peut changer au gré des usurpations qui servent ses objectifs. Elle reste habituellement masculine, tout en ayant la finesse de traits féminins paradoxalement, afin de se rendre charmeur. Le daïmôn est pourtant l’antithèse de nos aspirations profondes. Il est rude, séducteur, pervers, lubrique, manipulateur, contrôlant.

Nous pouvons être effrayés lorsque nous le rencontrons en soi ou extérieurement à soi. Nous découvrons une réalité du monde terrestre, celle que notre monde est comme un réplicateur inversé. Nous créons collectivement une légion de démons à l’image inversée de notre armée d’anges de lumière à notre chevet.

Se confronter à son double obscur déverrouille le troisième pas de danse.

3. Vaincre l’instigateur de nos démons intérieurs

Afin que les deux amants deviennent pleinement un couple divin, ils doivent lier pour toujours leur double obscur à leur double de lumière. Face aux épreuves des deux premiers pas de danse, une lassitude s’installe alors que s’effondre régulièrement le pont entre leurs deux coeurs. Les amants se présentent souvent affaiblis face à l’une des épreuves les plus difficiles qui soit. Celle d’inverser la rébellion déviante de leur double obscur.

Le sort d’inversion du double obscur est une épreuve en soi. L’une des plus douloureuses.

Inverser revient à combattre le double maléfique qui règne dans notre nature obscure. Ce double maléfique est la déviance de notre double obscur. Il est la démesure prenant le pouvoir sur le corps. Insidieusement, nos attitudes et nos comportements s’imprègnent de sa rébellion grandissante. Nombreuses sont les situations vécues qui le libèrent de toute retenue. Il frappe fort et vise juste. Chaque fois que nous le laissons prendre le contrôle de notre mental, de notre égo, nous sombrons un peu plus dans nos démons intérieurs. Cette part maléfique nous attache démesurément aux personnages fallacieux que nous endossons au quotidien. Nous fuyons tout rappel de nos propres faiblesses. Nous retournons les faits afin de nous déresponsabiliser de nos propres échecs. Pourvu que l’on ressente l’ivresse de nos mensonges complaisants, nous acceptons ce jeu de dupe.

Affronter notre double maléfique avant qu’il n’obscurcisse totalement notre Coeur.

Plus notre double maléfique pavoise en nous, plus notre lien avec notre double de lumière devient ténu et fragile. Nous en oublions ce qu’est vraiment la fréquence de notre coeur. Aimer vraiment, aimer pleinement, tout cela s’estompe sans que nous puissions en ralentir la course mortifère.

Pour qu’un grand bien sorte d’un grand mal, le double obscur doit être libéré de sa déviance maléfique.

Si les amants du couple divin sont réunis au cours de leur existence, c’est pour mener ensemble cette épreuve. Un combat qui n’a rien d’extraordinaire pour ceux qui les entourent, car tout se déroule dans leur monde intérieur. Ils y livrent, côte à côte, un combat féroce avec leur propre instigateur de leurs démons intérieurs.

Or, cette lutte n’est pas un combat où prime la force. Chaque coup ferait gagner en puissance le double maléfique. Les deux amants doivent découvrir qu’aucune issue n’est possible s’ils s’engagent dans une confrontation avec ces parts d’eux-mêmes, fussent-elles maléfiques.

C’est en fusionnant leur conscience avec leur double de lumière que viendra la délivrance.

Elle peut prendre la forme d’un vécu intérieur où l’on se voit allongé sur le dos les bras en croix. Notre corps éthérique, celui où vibre le double maléfique, se superpose à sa contre-partie masculine ou féminine selon.

Ainsi, en tant qu’homme, nous pouvons nous voir d’une taille similaire à celle d’une cathédrale afin que nos bras écartés se positionnent sur le transept, que notre tête repose sur le choeur et l’abside, que notre corps emplisse la nef, que notre entrejambe s’ouvre sur le portail. La cathédrale devient l’image éthérique féminine se calquant sur son image éthérique masculine.

En tant que femme, nous pouvons nous voir nous allonger sur le corps de la personne que l’on aime. Notre dos repose sur son torse. Les bras en croix, nous glissons en lui, superposant nos deux images éthériques.

Le masculin s’unit au féminin, dans une transparence inégalée. Une lumière si intense se forme en leur centre qu’elle efface tout ressentiment et toute haine en eux. Inondant leur intériorité d’une lumière unifiée, masculine et féminine, la masse noire des démons intérieurs est expulsée par l’entrejambe. Un fluide noir sort du bas-ventre, emportant toutes discordances et toutes douleurs. Une sensation de délivrance incroyable et instantanée s’ensuit, à l’image d’un accouchement inversé. Il n’y a aucune vie dans ce fluide sombre rejeté en dehors de soi, tout en créant à la fois de la vie en soi. Un espace libre et ouvert. Avec une sensation de plénitude.

Ne demeure en soi, dans notre centre tellurique, que notre double obscur. Il se retrouve dorénavant purifié de son hybris.

Nier le double obscur, c’est nier l’amour sacré

Le double sombre est une part intrinsèque de notre intériorité. Le rejeter, c’est se rejeter soi-même. La présence du double obscur en soi est immuable. Il est là, tapis au fond de notre être. Le nier serait nier une facette de sa divinité intérieure. Le nier, c’est se laisser berner avec le retour de ses démons intérieurs.

Cependant, il n’est pas nécessaire de le corrompre à la Lumière. Le couvrir de notre amour profane ne fait qu’attiser de nouveau sa posture défensive, paradoxalement. Telle est l’erreur dans laquelle tout un chacun nous tombons.

La Lumière est l’inverse de tout ce que le double obscur a toujours été.

Notre Lumière intérieure, et ses expressions telles que la prévoyance ou la sollicitude, est le mal absolu pour notre double obscur. Que ferions-nous si on nous demandait de renoncer à la nature même de ce qui fait de nous ce que nous sommes. Nous lutterions à mort pour ne pas être corrompu et nous transformer en ce que nous ne sommes pas. Notre double obscur procède de la même riposte. Il synthétiserait de nouveau des démons intérieurs.

L’amour sacré reconnaît à notre double obscur le droit d’être ce qu’il est. Il est appelé à trouver une place, une nouvelle place où ses qualités seront mises de l’avant. Il n’est plus question d’amener vers la Lumière notre double obscur ou celui de notre bien-aimé pour le transmuter, le changer voire même le dissoudre.

C’est à une nouvelle unité de nos deux parts angéliques que nous le convions.

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